Sur le Pont du Mont-Blanc on y danse, on y danse

Edouard Cuendet

Ce dimanche, dans une joyeuse insouciance, une portion congrue de la population genevoise a investi le Pont du Mont-Blanc pour un pique-nique géant. On ne va pas lui jeter la pierre, même si cette manifestation a provoqué de nombreux bouchons peu écologiques et a empêché les milliers de participants au salon Sibos arrivant à Genève ce jour-là d'atteindre leur hôtel dans des conditions acceptables pour une ville qui se veut internationale.

Revenons plutôt sur cette notion d'insouciance. Alors que Genève festoie, nos voisins confédérés prévoient.

Dans le canton de Vaud, le Gouvernement de Gauche vient de dévoiler son budget 2017, qui présente pour la 11ème année consécutive un résultat équilibré. Pendant ce temps, à Genève, le budget 2017 annonce un déficit de 77 millions.

Les charges de fonctionnement vaudoises augmentent de 1,9%, ce qui provoque déjà des critiques du PLR et de l'UDC. A Genève, la hausse prévue atteint 2,9% !

Le montant global du budget vaudois se monte à 9,298 milliards pour une population de 773'400 personnes. A Genève, on prévoit 8,145 milliards pour 484'700 âmes.

Avec une certaine appréhension, on annonce que la dette vaudoise prend l'ascenseur : elle devrait atteindre 1,275 milliards en 2017, contre 875 millions en 2016. A Genève, dans la présentation de son budget, l'Exécutif n'a pas mentionné le montant prévisible de l'endettement en 2017. Il ne fournit aucun chiffre à cet égard. On sait toutefois que la dette genevoise est abyssale et qu'elle atteindra sans doute un montant dix fois supérieur à celui de l'endettement vaudois fin 2017.

N'en jetez plus me direz-vous ?

Le canton de Genève vient de présenter sa feuille de route pour la troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE III). Avec un taux d'imposition unique de 13, 49% pour les personnes morales ainsi que plusieurs mesures d'accompagnement augmentant (temporairement ou non) les charges fiscales et salariales, la solution genevoise est plutôt raisonnable. Mais déjà, des voix se font entendre à gauche et dans les syndicats de la fonction publique pour crier au scandale, au démantèlement social et j'en passe. 

Dans le canton de Vaud, les citoyennes et les citoyens ont plébiscité à plus de 87% la proposition du Gouvernement, concoctée par le duo Maillard-Broulis. Le taux d'imposition unique est fixé à 13,79%.

On relèvera au passage que, ce dimanche également, nos amis Lucernois ont refusé une augmentation de l'imposition des entreprises, réclamée par la gauche, et ont maintenu leur taux d'environ 12,5%.

Au vu de ce qui précède, il apparaît que les Vaudois se trouvent dans une situation financière bien plus enviable que les Genevois. A cela s'ajoute qu'ils ont une longueur d'avance dans le dossier de la fiscalité des entreprises (RIE III). Si Genève venait à échouer dans cet exercice vital, il se retrouverait à la traîne des autres cantons suisses, confronté à un désavantage compétitif potentiellement mortel pour sa prospérité.

Ces considérations sont sans doute très éloignées de celles des aimables badaudes et badauds présents sur le Pont du Mont-Blanc un beau dimanche de septembre. Il n'en reste pas moins que la danse risque fort de s'interrompre brutalement si une bise contraire venait à souffler sur Genève.